Paris, le 7 octobre 2021 – Souvent présentés comme désarmés face aux grandes tendances économiques et sociétales, les Français se révèlent en réalité conscients des enjeux et éclairés quant à la trajectoire à suivre. Pourtant, ces derniers ne sont individuellement que peu enclins à l’idée de prendre à bras le corps ces problématique stratégiques.
C’est ce que montre le sondage OpinionWay pour le Printemps de l’économie qui dresse un portrait du rapport des Français à la souveraineté.
La crise du Covid-19 a été l’occasion d’un vif débat sur la production des denrées stratégiques sur le territoire national. Au-delà de la question sanitaire, c’est de la place de la France dans une économie mondialisée et dans une société aux enjeux de plus en plus globalisés dont il était question. C’est en gardant en tête cette problématique que le Printemps de l’économie, dont le thème de cette 9ème édition est « Bifurcations, l’heure des choix » a interrogé[1] les Français sur leur conception de la souveraineté.
CHIFFRES CLÉS :
- IMPORTATION
- 87% des Français estiment qu’il est nécessaire de réduire la dépendance de la France et de l’Europe aux importations de certains biens stratégiques (santé, semi-conducteur etc…).
- Mais seuls 41% des Français se déclarent favorables à payer plus cher les produits importés.
- Par contre, 51% des français seraient prêts à payer plus chers les produits importés à la condition que le prix reflète le coût qu’il font peser sur l’environnement dans les pays où ils sont produits (émissions de carbone, pollutions, atteintes à la biodiversité…).
- NUMÉRIQUE
- 56% des Français estiment que l’Etat doit se doter des moyens de contrôler les informations personnelles dont disposent les plateformes numériques sur leurs clients.
- 79% des Français désire par exemple que l’Etat intervienne pour imposer le statut de salarié aux travailleurs des plateformes de livraison
- 58% des Français ne souhaitent pas démanteler les GAFAM
- FISCALITÉ
- 62% des Français se déclarent défavorables à une augmentation du niveau de protection sociale
- 50% des Français estiment que la fiscalité est un mauvais moyen pour réduire les émissions de CO2 en France
- 53% des Français sont favorables à ce que les firmes multinationales aient un taux d’imposition supérieur.
Les Français sont conscients des enjeux contemporains…
Le premier enseignement de cette enquête est que les Français sont conscients des grands enjeux contemporains, qu’ils soient économiques, sanitaires, numériques ou environnementaux.
En matière de mondialisation, la crainte d’une pénurie pendant la crise du Covid-19 et de tension sur les chaines de production a provoqué une prise de conscience vis-à-vis de la trop grande dépendance du pays à l’importation de produits stratégiques. Ainsi, 87% des Français estiment qu’il est nécessaire de réduire la dépendance de la France et de l’Europe aux importations de certains biens stratégiques (santé, semi-conducteur etc…).
Les Français se trouvent également particulièrement alertes quant à l’essor des géants du numérique. La problématique des données personnelles est en effet assimilée par les Français qui, pour la majorité, expriment une crainte vis-à-vis de l’utilisation de ces éléments personnels. 56% d’entre eux estiment que l’Etat doit se doter des moyens de contrôler les informations personnelles dont disposent les plateformes numériques sur leurs clients.
… mais restent nombreux à refuser de payer eux-mêmes le prix de l’action
Si les Français sont conscients des enjeux, peu se déclarent prêts à agir pour corriger les tendances qu’ils mettent eux même en lumière. On remarque tout ce paradoxe sur la question de l’indépendance de la France vis-à-vis des importations. Si une grande majorité des Français estiment qu’il est nécessaire de conserver davantage de marge de manœuvre sur les biens importés, ils ne sont que 41% à se déclarer favorables à une hausse des prix issus de l’importation.
De même, les Français rejettent l’idée d’une hausse des cotisations sociales et une augmentation des dépenses publiques, même si ces dernières sont corrélées à davantage de prestations sociales. Ainsi, 62% des Français se déclarent défavorables à une augmentation du niveau de protection sociale (revenu universel, RSA jeune etc).
La question climatique cristallise cette ambivalence de l’opinion publique. Les Français sont concernés par le réchauffement climatique mais peu enclins à payer le prix d’une réduction des émissions de CO2. Pour un Français sur deux (50%), la fiscalité est ainsi un mauvais moyen pour réduire les émissions de CO2 en France, rejetant ainsi l’idée d’une taxe carbone par exemple.
A noter que sur ces sujets, on observe une dichotomie générationnelle où certains positionnements minoritaires à l’échelle de la société française, s’avèrent plus répandues chez les jeunes adultes. C’est le cas en matière fiscale où 72% des 18-24 ans estiment que la fiscalité est un bon moyen pour réduire les émissions de CO2 (contre 49% tout âge confondu) ; ou concernant l’augmentation du niveau de protection sociale plébiscitée par 59% des 18-24 ans, contre 37% à l’échelle de la société.
Les Français sont en revanche demandeurs de certaines interventions à l’Etat, principalement réglementaires
Bien que les Français soient réfractaires à l’idée d’un interventionnisme diffus, ils réclament davantage de régulation de la part de l’Etat. Ce positionnement est l’expression du besoin d’un cadre normatif encadrant les mutations de la société.
En matière d’économie numérique et de protection sociale une grande majorité (79%) des Français désire par exemple que l’Etat intervienne pour imposer le statut de salarié aux travailleurs des plateformes de livraison. Toujours en matière numérique, les Français estiment que l’Etat doit légitimement intervenir pour protéger les données personnelles mais sans pour autant démanteler les géants du numérique. En effet, 58% des Français ne souhaitent pas démanteler les GAFAM, illustrant un attachement de la population aux services numériques offerts par ces géants. La demande de régulation s’observe également en matière fiscale puisque 53% des Français sont favorables à ce que les firmes multinationales aient un taux d’imposition supérieur.
Les Français estiment donc que l’intervention de l’Etat doit se cantonner à des prérogatives réglementaires, accompagnant sans porter atteinte à leur pouvoir d’achat, les nouveaux grands enjeux contemporains.
Conclusion
« Les Français sont conscients de tout, mais ne sont prêts à rien »
Pierre-Pascal Boulanger, président-fondateur du Printemps de l’économie.
« Les jeunes adultes expriment des demandes différentes, et parfois minoritaires dans le reste de la population, comme le renforcement de la protection sociale, la fiscalité écologique ou le démantèlement des grandes sociétés du numérique »
Rémi Jeannin, vice-président du Printemps de l’économie
[1] Enquête réalisée par Opinion Way mi-septembre 2021 sur un échantillon de 1011 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.