28 avril 2020 Marie-Céline Terré

La santé psychologique des salariés français se dégrade et laisse présager une sortie de confinement difficile pour les entreprises si elles n’agissent pas maintenant

2ème vague du baromètre :

47% des salariés sont en situation de détresse psychologique (+3) dont 21% en détresse élevée (+3)

28% des femmes sont en situation de détresse psychologique élevée (+6)

30% des manages en détresse psychologique élevée (+10) : 2x plus à risque que les autres.

47% des managers de managers soit 3x plus (+10)

62% des salariés ressentent de la fatigue liée au confinement

41% des salariés ne savent pas à qui s’adresser dans l’entreprise pour parler de leur stress

 

Paris le 27 avril 2020 – A l’occasion de la journée mondiale de la santé et de la sécurité au travail Empreinte Humaine (spécialiste en prévention des risques psychosociaux et en qualité de vie au travail) dévoile les résultats de la 2ème vague de son baromètre relatif à la santé psychologique des salariés en période de confinement, réalisé par OpinionWay. Faisant suite à une 1ère vague alarmante quant à l’état des salariés, ces résultats s’aggravent et confirment largement la prise de conscience que la prévention des risques psychosociaux est dans l’angle mort de la crise sanitaire au regard de l’état de la santé psychologique des salariés français. Empreinte Humaine souhaite sensibiliser les pouvoirs publics à la nécessité d’un plan « Marshall » de santé/sécurité mentale des salariés français.

Après 5 à 6 semaines, la situation se dégrade pour pratiquement toutes les catégories de salariés : 62% des salariés ressentent de la fatigue liée au confinement et 47% sont en situation de détresse psychologique[1] (+3). Cette augmentation est essentiellement liée une hausse du taux de détresse psychologique élevée (18% à 21%). Enfin, parmi les différentes catégories de salariés étudiées, la santé psychologique des femmes, des managers et des télétravailleurs se détériore substantiellement avec 28% de détresse psychologique élevée (+6) pour les femmes ; 30% pour les managers (+10), 46% pour les managers de managers (+10) et 21% pour les  télétravailleurs (+6).

 

« Tous les indicateurs se dégradent. Ce n’est pas bon signe pour la sortie de confinement. Les dirigeants d’entreprise sont conscients que la santé psychologique de leurs salariés constitue un actif important de leur entreprise.  Le déconfinement ne va pas faire disparaître ce vécu. Au contraire, le stress lié au déconfinement devrait exacerber l’état psychologique des salariés. Un récent arrêt de justice à mis en lumière la responsabilité des entreprises en matière d’évaluation des risques psychosociaux dans le cadre des mesures COVID19. Les entreprises ne pourront pas inovquer le cas de force majeure, celles qui n’auront pas été à la hauteur en matière de prévention des risques psychosociaux verront potentiellement leur responsabilité mise en cause et les contentieux autour du préjudice d’anxiété risquent de se multiplier si rien n’est fait » déclarent Christophe NGUYEN, psychologue du travail et président d’Empreinte Humaine, et Jean-Pierre BRUN, co-fondateur d’Empreinte Humaine et expert conseil.

L’état psychologique des salariés continue de se dégrader

62% des salariés ressentent de la fatigue liée au confinement et 47% des salariés sont en détresse psychologique  (+3) dont 21% en détresse psychologique élevée (+3) la détresse modérée restant stable à 26%.

Les femmes sont encore plus touchées puisqu’elles sont 28% à être en situation de détresse psychologique (+6). 21% des télétravailleurs (+6) et 24% des salariés au chômage partiel (+4) sont en détresse psychologique élevée. « Ces résultats confirment une tendance observée dans de plus en plus d’études scientifiques internationales, certaines personnes peuvent mieux prendre leurs marques, mais la durée du confinement est en elle-même un facteur de risque. Le déconfinement peut paraître libérateur pour certains et source de stress pour d’autres, il sera important de prendre en compte ce vécu pour développer de la résilence organisationnelle et individuelle » oberve  Jean-Pierre BRUN.

Le cas particulièrement grave des managers

Particulièrement sollicités en période de crise sanitaire, 30% des managers sont en détresse psychologique (+10), tandis que les managers de managers sont également mal en point puisque 47% d’entre eux sont situation de détresse psychologique élevée (+10). 70% des managers se disent fatigués à cause du confinement.

« L’état psychologique des managers est préoccupant sur le moyen terme. Aidons les managers à pouvoir mieux vivre la situation pour jouer leur rôle dans la prévention des risques psychosociaux. Il faut un plan d’actions et des programmes de santé psychologique spécifiques pour eux car avec le déconfinement, la charge de travail sera probablement très importante, il faut un focus particulier pour les aider. L’entreprise doit s’outiller pour mettre en place le déconfinement, les changements d’organisations prévus, en prenant en compte les impacts psychosociaux de la situation pour réussir le déconfinement. Il est impératif d’organiser le plan d’action maintenant. Les solutions concrètes existent, des entreprises s’en sortent mieux que d’autres. » analyse Christophe NGUYEN.

Les raisons de l’état psychologique des salariés

51% ont le sentiment de ne pas avoir de moment de répit et 58% des salariés trouvent que les journées de travail sont plus longues qu’avant le confinement. Les premiers présentent un taux de détresse psychologique élevée de 56% et les et les deuxièmes de 55%. Cette surcharge de travail est un facteur de risque. 53% d’entre eux déclare qu’on leur demande plus de travail pour compenser la perte d’activité, et sont 32% à être en détresse élevée. L’anticipation d’un rattrapage du retard lié à la perte d’activité est un facteur de détresse psychologique.

L’état des salariés confinés dans un logement de moins de 40 m2 se détériore très nettement avec 60% d’entre eux en situation de détresse psychologique (+35) tandis que les salariés confinés avec leurs enfants sont 24% à se déclarer en situation de détresse psychologique (+2). Enfin, 41% des salariés ne savent vers qui se tourner au sein de l’entreprise pour parler de leur stress (69% dans le secteur public).

« Pour les télétravailleurs confinés, on constate un développement certain du « blurring »  (confusion entre vie professionnelle et personnelle) c’est un  risque inhérent mais pas une fatalité.  Il est urgent de repenser les règles et le cadre du télétravail avec le déconfinement pour préserver les salariés en fonction des conditions personnelles et matérielles. » souligne Jean-Pierre BRUN.

« Le travail bousculé, non anticipé voire morcelé donne le sentiment d’un manque de répit. Résultats : de plus en plus de salariés expriment le sentiment de ne plus pouvoir faire un travail de qualité dont ils peuvent être fiers ou se reconnaitre. La question de la perte de sens peut émerger. Si la situation perdure, il y a de grandes chances que le nombre d’ arrêts maladie explose.  » insiste Christophe NGUYEN.

L’action des entreprises est primordiale pour le bien-être et l’engagement des salariés pour réussir le déconfinement   

Pour 66,4% des salariés, la façon dont l’entreprise se préoccupe de leur bien-être conditionnera leur engagement au travail lors du déconfinement. C’est donc un enjeu crucial pour les entreprises et une attente des salariés.

Point positif : 45% des salariés qui déclarent que la direction démontre sa préoccupation pour la prévention du stress par son implication et son engagement (+14) et 43% disent que tous les niveaux hiérarchiques sont impliqués (+6). 37,6% disent que la direction considère que la santé psychologique est aussi importante que la productivité (+1).  Enfin, 39,5% d’entre eux estiment qu’il y a un bon niveau de communication/information (+2). Ces indicateurs ont tendance à être en hausse, c’est encourageant mais pas encore suffisant.  Les salariés estiment avoir du soutien de leur collègues pour 77% (-2) devant leur N+1 67% (-3), la direction 64% (-3) et enfin la  DRH 56% (-3 points).

« On constate  moins de détresse psychologique des salariés  quand il y a du soutien des N+1 et des collègues. La prévention des risques psychosociaux en entreprise doit clairement s’organiser autour de ces objectifs pour l’heure et pour l’avenir. Nous invitons les entreprises à intégrer ces faits pour organiser leur principes de prévention en pensant d’abord au rôle du management » conclut Christophe NGUYEN.

Méthodologie de l’étude :

La 2ème vague du Baromètre « Impact de la crise sanitaire sur la santé psychologique des salariés » Opinion Way pour Empreinte Humaine, a été réalisé en ligne. Les interviews ont été faites du 15 au 22 avril auprès d’un échantillon de 1000 salariés représentatif et constitué selon la méthode des quotas, au regard des critères de sexe, d’âge, de secteurs d’activités, de nature d’employeur et de taille d’entreprises. La mesure de la détresse psychologique se base sur un indicateur validé scientifiquement traduit en 25 langues dans des centaines de publications scientifiques. Il est un indicateur précoce d’atteinte à la santé mentale qui évalue la dépression et l’anxiété. Il s’agit d’un indicateur qui identifie, dans une population, les personnes qui sont plus à risque d’être atteintes de troubles mentaux sérieux.

Empreinte Humaine publiera d’autres sondages dans les prochaines semaines. Le cabinet pérennisera, avec des scientifiques universitaires, ce baromètre dans le temps pour inciter tous les acteurs de l’écosystème de la prévention des risques psychosociaux et de la qualité de vie au travail à une prise de conscience commune et aider à l’identification des meilleures pratiques des entreprises.

Empreinte Humaine, un cabinet engagé pour la qualité de vie au travail

Créé en septembre 2012, le cabinet Empreinte Humaine est un des leaders de son secteur et rassemble des experts qui œuvrent à améliorer la qualité de vie au travail pour prévenir les risques psychosociaux. Couvrant les trois niveaux de prévention : primaire, secondaire et tertiaire, les interventions du cabinet visent à promouvoir trois domaines d’intervention :

  • Le premier domaine d’intervention est le bien-être des personnes qui comprend la prévention des risques psychosociaux et du stress au travail, la reconnaissance, la motivation et l’engagement.
  • Le second domaine se centre sur le bien-vivre des collaborateurs et des managers. Pour cela, les actions d’Empreinte Humaine portent sur le respect au travail, la gestion des conflits, le climat d’équipe et les relations interpersonnelles.
  • Le troisième domaine s’articule autour du bien-faire qui concentre les actions sur les processus de travail, la charge de travail, la clarté des rôles, la conduite des changements.

Empreinte Humaine dispose de toute l’expertise nécessaire ainsi que d’un réseau de consultants opérationnels sur toute la France et dans plus de 20 pays à travers le monde pour accompagner les entreprises et organismes publics lors de leurs actions en matière de qualité de vie au travail. Parmi ses innovations, Empreinte Humaine a  développé HuCare© un programme de promotion de la santé individuelle pour ancrer et augmenter une culture de la sécurité psychologique dans les entreprises.

Contacts média

Agence Ozinfos

Sothany TUM / Amine MOUSSAOUI

06 27 26 49 64 – empreintehumaine@ozinfos.com

[1] La détresse psychologique chevauche à la fois des symptômes de dépression et d’épuisement professionnel. Lorsqu’elle n’est pas traitée elle risque d’entrainer des problèmes de santé plus graves, tels que diverses maladies psychosomatiques, l’hypertension artérielle, différents troubles anxieux, la dépression sévère et des troubles addictifs.

 

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