16 décembre 2020 Marie-Céline Terré

La santé mentale des salariés au plus bas depuis le début de la crise sanitaire

 

 Etat psychologique des Salariés à la sortie du  2ème Confinement

5ème vague du baromètre :

50% des salariés sont en situation de détresse psychologique (+1 depuis octobre) dont 20% en détresse levée (+2 depuis octobre)

31% des salariés risque la dépression (+11 depuis mai)

70% des salariés de moins de 29 ans sont en situation de détresse psychologique (+3 depuis octobre)

56% des managers sont en situation de détresse psychologique

58% des femmes salariées sont en situation de détresse psychologique (+3 depuis octobre)

 

Paris le 16 décembre 2020 – Alors que la santé psychologique des français apparait enfin comme un sujet de préoccupation du gouvernement, Empreinte Humaine (spécialiste en prévention des risques psychosociaux et en qualité de vie au travail) publie la 5ème vague de son « Baromètre de la santé psychologique des salariés Français en période de crise » réalisé par OpinionWay. Cette 5ème vague présente un panorama de la santé psychologique des salariés qui ne cesse de se dégrader depuis le début de la crise et particulièrement depuis le 2ème confinement.

« En cette fin d’année, la santé mentale des salariés n’a jamais été aussi basse depuis le début de la crise sanitaire. A titre de comparaison certains pays utilisant les mêmes questionnaires constatent deux fois moins de détresse psychologique élevée que nous. La vague psychologique a commencé depuis mars 2020, dix mois après, si des mesures de fond ne sont pas mises en œuvre, les troubles mentaux seront de plus en plus importants. La détérioration de la santé psychologique des salariés n’est pas le mal nécessaire de cette crise sanitaire et des mesures liées. Il n’est jamais trop tard pour agir. » Christophe NGUYEN, psychologue du travail et président d’Empreinte Humaine, et Jean-Pierre BRUN, co-fondateur d’Empreinte Humaine et expert conseil

L’état des salariés continue de se dégrader

A la sortie de ce 2ème confinement, 50% des salariés (+6 par rapport au 1er confinement) sont en situation de détresse psychologique dont 20% en détresse psychologique élevée avec un risque important développer un trouble mental sévère. 31% risquent d’être en dépression. Les moins de 29 ans sont les plus intensément touchés et affichent un taux de détresse psychologique de 70% (+ 3 depuis octobre).

« Les jeunes salariés sont en perte de repère, ils vivent plus fortement l’effet du confinement, de l’insécurité économique et de l’isolement social. Ils habitent généralement aussi dans des appartements plus petits. Par rapport au monde de l’entreprise, ils vivent une plus grande incertitude quant à leur avenir et se questionnent sur la viabilité de leur premier choix d’orientation professionnelle. Ils sont aussi moins acculturés à la vie de l’entreprise qui comprenait les liens sociaux, la collaboration, le partage de savoir-faire…autant de facteurs de résilience. » analyse Christophe NGUYEN

Une gestion des responsabilités familiales de plus en plus difficile

Hommes et les femmes sont concernées mais par la détresse psychologique liée à ces difficultés affecte particulièrement les femmes. Charge mentale, responsabilité familiale et culpabilité obligent, la santé psychologique des femmes salariées se détériore substantiellement avec 58% de détresse psychologique et sont 1,5 fois plus à risque que les hommes en termes de détresse psychologique élevée.

« Les difficultés à mener de front la vie professionnelle et responsabilités familiales ont été exacerbées pendant cette crise sanitaire pour les parents salariés. Les femmes sont d’autant plus touchées par les problèmes de santé psychologique qu’elles vivent une double responsabilité : familiales et professionnelles dont la conciliation est particulièrement difficile. Elles vivent également beaucoup plus fortement les inégalités sociales et professionnelles » commente Christophe NGUYEN

42% des salariés travaillent en dehors de heures de travail habituelles pour assumer ces responsabilités (les femmes ont 71% de DP) et 50% voudrait plus de flexibilité dans leurs horaires pour mieux assumer ses responsabilités parentales.

« Le manque d’anticipation et de prévision des horaires de travail bousculent la gestion de la vie familiale. C’est l’incertitude des demandes de dernières minutes dans le travail plus que la charge de travail en elle-même qui est génératrice de stress pour les parents salariés. Ces données convergent avec d’autres études internationales. » pointe Jean-Pierre Brun

32% des hommes et 43% des femmes envisagent de travailler à temps partiel dans l’avenir pour mieux assumer ces responsabilités familiales (66% de DP).

« Les aspirations de flexibilité et à un meilleur équilibre des vies se sont exacerbées par cette crise sanitaire. Beaucoup de salariés ont revu leur priorité de vie. C’est une manifestation de la résilience psychologique des salariés face au traumatisme de cette crise. Le fait de penser à prendre un temps partiel ou de demander plus de flexibilité des horaires est un marqueur notable de ces besoins plus forts d’équilibre psychologique. »  ajoute Christophe NGUYEN.

Les managers, toujours au cœur de la crise sanitaire

56% des managers sont en détresse psychologique, et leur mauvais état préoccupe leurs collaborateurs qui sont 35% à se dire inquiets pour l’état psychologique de leur manager.

« L’état psychologique du manager a un impact direct sur celui de son équipe. S’il est en difficulté psychologique, il y a de grande chance que l’équipe le soit par voie de conséquence. Les managers sont au cœur de la crise sanitaire depuis des mois, l’entreprise doit les protéger en les accompagnant au long cours. Des programmes de prévention doivent être mise en place spécifiquement pour eux. » analyse Jean-Pierre BRUN

Avec le télétravail notamment, les managers apparaissent comme particulièrement sous pression pour aborder la question de la santé psychologique leurs collaborateurs.

  • 6/10 des managers déclarent qu’il y a dans leur équipe des collaborateurs en situation de mal-être psychologique qui ne veulent pas se faire aider.
  • 8/10 déclarent qu’il est plus difficile de repérer les signaux de détresse psychologique à distance.

Autre résultat qui montre la difficulté à traiter le sujet : 50% des salariés avouent faire semblant d’être de bonne humeur pour ne pas inquiéter leur équipe alors que cela ne va pas (et ils sont à 67% de DP). 

« Montrer une émotion différente de celle qu’on vit réellement est ce qu’on appelle la facticité émotionnelle, elle est très couteuse psychologiquement. Ce n’est pas une bonne stratégie pour la santé mentale à long terme. Elle prive des capacités de soutien et de résilience. Il faut être proactif pour aider les salariés. » ajoute Christophe NGUYEN

Une mise en place du télétravail plus complexe que lors du 1er confinement

Le télétravail a vu sa proportion augmenter avec le 2ème confinement malgré de nombreuses réticences des entreprises notamment. Ce sont ainsi 4/10 salariés qui sont en télétravail (+ 13 depuis octobre) dont 22% en télétravail total.

Si 47% des salariés estiment télétravailler autant que possible, 37% déclarent que le télétravail n’est plus accepté dans leur entreprise et 27% qu’ils pourraient télétravailler plus mais que leur employeur de l’autorise pas.

La baisse de l’engouement pour le télétravail à 100% se confirme, ils ne sont plus que 55% à vouloir continuer (-14 depuis Octobre). Parmi les freins à la mise en place du télétravail le mode de management apparait fortement. Ainsi 7 salariés sur 10 estiment que le management français est trop conservateur en ce qui concerne le télétravail ;

43% des télétravailleurs se sentent invisibles en télétravail (64% de DP). Enfin, 55% des salariés pensent que parmi les salariés certains abusent du système quand ils sont en télétravail (65% des managers partagent cette idée).

« Plusieurs facteurs expliquent un déploiement moins massif du télétravail lors de ce deuxième confinement dont des raisons de management et d’un besoin de clarification fort des droits et devoirs des télétravailleurs, la majorité des salariés estime qu’il existe des abus de certains, ce qui peut entraîner des dérives en termes de contrôle et de tensions dans les entreprises. La question de la confiance est à travailler en priorité si on veut pérenniser le télétravail. » conclut Christophe NGUYEN

 

Méthodologie de l’étude :

La 5ème vague du Baromètre « Impact de la crise sanitaire sur la santé psychologique des salariés » OpinionWay pour Empreinte Humaine, a été réalisée en ligne. Le recueil a été fait du 2 au 9 décembre  auprès d’un échantillon de 2009 salariés représentatif et constitué selon la méthode des quotas, au regard des critères de sexe, d’âge, de secteurs d’activités, de nature d’employeur et de taille d’entreprises.  La mesure de la détresse psychologique se base sur un indicateur validé scientifiquement traduit en 25 langues dans des centaines de publications scientifiques. Il est un indicateur précoce d’atteinte à la santé mentale qui évalue la dépression et l’anxiété. Il s’agit d’un indicateur qui identifie, dans une population, les personnes qui sont plus à risque d’être atteintes de troubles mentaux sérieux.  Le questionnaire utilisé pour mesurer la résilience est également un questionnaire validé et qui a fait l’objet de nombreuses publications internationales.

Empreinte Humaine, un cabinet engagé pour la santé psychologique et la qualité de vie au travail

Créé en septembre 2012, le cabinet Empreinte Humaine est un des leaders de son secteur et rassemble des experts qui œuvrent à améliorer la qualité de vie au travail pour prévenir les risques psychosociaux. Couvrant les trois niveaux de prévention : primaire, secondaire et tertiaire, les interventions du cabinet visent à promouvoir trois domaines d’intervention :

 

  • Le premier domaine d’intervention est le bien-être des personnes qui comprend la prévention des risques psychosociaux et du stress au travail, la reconnaissance, la motivation et l’engagement.
  • Le second domaine se centre sur le bien-vivre des collaborateurs et des managers. Pour cela, les actions d’Empreinte Humaine portent sur le respect au travail, la gestion des conflits, le climat d’équipe et les relations interpersonnelles.
  • Le troisième domaine s’articule autour du bien-faire qui concentre les actions sur les processus de travail, la charge de travail, la clarté des rôles, la conduite des changements.

 

Empreinte Humaine dispose de toute l’expertise nécessaire ainsi que d’un réseau de consultants opérationnels sur toute la France et dans plus de 20 pays à travers le monde pour accompagner les entreprises et organismes publics lors de leurs actions en matière de qualité de vie au travail. Parmi ses innovations, Empreinte Humaine a développé HuCare© un programme de promotion de la santé individuelle pour ancrer et augmenter une culture de la sécurité psychologique dans les entreprises et Klimat©, un outil numérique innovant permettant d’anticiper et agir collectivement et en continu sur la qualité de vie au travail.

 

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