26 mai 2021 Marie-Céline Terré

2 millions de salariés sont en burnout sévère à l’aube du retour au bureau

ÉTAT PSYCHOLOGIQUE DES SALARIÉS

 

44% des salariés sont en situation de détresse psychologique (- 1% depuis mars)

36% des salariés sont en dépression nécessitant un traitement (= depuis mars)

2 000 000 de salariés en situation de burnout sévère (2X plus en 1 an)

80% des DG/DGA en situation de détresse psychologique.

56 000 000 de journées de travail perdues pour des raisons de santé psychologique depuis la COVID19

 

Paris le 26 MAI 2021 – Alors que le retour au bureau total ou hybride est au cœur des préoccupations des pouvoirs publics, des salariés, des entreprises, et que la vaccination en entreprise peine à trouver son rythme de croisière, cette 7ème vague du baromètre Empreinte Humaine de la santé psychologique des salariés en période de crise questionne l’évolution de la détresse psychologique des salariés français depuis le début de la crise. Il interroge aussi le taux de burn-out, l’impact du confinement avec enfants, la confiance des salariés envers leur direction générale, les effets du télétravail dans la durée notamment à l’égard du management, et enfin le retour dans les locaux et ses effets (nouvelles attentes, craintes, besoins d’accompagnement)

« Ces chiffres sont très inquiétants. Si la détresse psychologique n’évolue pas beaucoup elle demeure à un niveau très important. Mais le taux de burnout a doublé en un an culminant à 2 000 000 de personnes en burnout sévère. Avec de tels chiffres, dans un contexte de retour dans les bureaux, on peut s’attendre malheureusement à une nouvelle explosion des arrêts maladie dans les prochains mois. » pointent Christophe NGUYEN, psychologue du travail et président d’Empreinte Humaine, et Jean-Pierre BRUN, co-fondateur d’Empreinte Humaine et expert conseil.

La détresse psychologique des salariés reste à un niveau élevé

Les indicateurs de l’état psychologique des salariés demeurent très inquiétants même si l’on observe une stagnation. Ainsi la détresse psychologique des salariés français reste importante à 44% (-1 pts par rapport à mars 2021) dont 17% élevée (=) de même que le taux de dépression nécessitant un accompagnement chez les salariés qui se maintient à 36% (dont 21% risquant une dépression sévère).

Ce sont au total 2 000 000 de salariés qui sont en burnout. Les salariés au chômage technique total sont quant à eux 56% à présenter un risque dépressif. Enfin 15% des salariés disent avoir été absents pour raison de santé psychologiques depuis un an, le nombre moyen de jour d’absence par salariés s’établissant à 2,83 soit 56 000 000 journées de travail.

Pas de santé physique sans santé mentale

Les plaintes somatiques ont également augmenté en 1 an. 40% des salariés déclarent avoir des problèmes de sommeil, ce qui peut être interprété aussi comme des indicateurs de détresse psychologique ou de risque dépressif. Plus le temps passe plus ces risques sont importants, comme souvent dans les problèmes de santé psychologique, le facteur temps joue et les conséquences sur la santé globale sont à anticiper.

Les dirigeants et les managers frappés de pleins fouet

Parmi les foncions les plus exposées à la détresse psychologique, le top management tient le haut du pavé avec 80% pour les directions générales, devant les présidents et les DRH à 61% et les managers avec 52% souffrant de détresse psychologique. C’est particulièrement vrai chez les dirigeants de PME/TPE.

« Le cas des dirigeants est vraiment préoccupant et des actions de prévention doivent être mises en œuvre pour les soutenir spécifiquement et compléter les mesures de soutien économique. Les DRH sont touchés depuis un an car ils sont au centre de la crise dans les entreprises : au croisement des enjeux économiques, humains, sociaux et juridiques » commente Jean-Pierre BRUN

L’insécurité de l’emploi facteur de détresse psychologique

L’insécurité de l’emploi est depuis toujours un facteur de détresse psychologique mais dans un contexte de crise elle pèse beaucoup plus lourd dans l’état de santé psychologique des salariés.  Ainsi ¼ des salariés disent avoir peur de perdre leur emploi générant un taux de détresse psychologique pour 61% d’entre eux. Elle est sans surprise beaucoup plus forte chez ceux en chômage technique avec 49% d’entre eux qui ont peur.

« La santé psychologique de ces populations sera un élément clef dans leur capacité de rebond ou lors de la reprise. C’est un facteur très important à prendre en compte et qui aura nécessairement un impact sur la relance économique du pays » pointe Christophe NGUYEN

Le constat amer de la confiance vis à vis des entreprises

Avec la crise, 4 salariés sur 10 affirment avoir perdu confiance envers la direction générale de leur entreprise et 2/3 des salariés pensent que les entreprises n’assument pas les dégâts psychologiques qu’elles provoquent et 6 salariés sur 10 pensent que leur direction ne se rend pas compte de l’état psychologique des salariés et n’agit pas en fonction.

« Ces résultats montrent un certain manque de confiance des salariés envers leur direction générale depuis la crise COVID19. Aux yeux des salariés, les directions générales ne leur paraissent pas conscientes de la situation de leur état psychologique. Les résultats sont assez révélateurs d’un besoin d’agir différemment sur les thématiques de prévention des risques psychosociaux en entreprise. Les labels n’étant pas suffisants. La question du bien-être psychologique doit être portée par les comités de direction. » analyse Christophe NGUYEN

 La santé psychologique des parents salariés

  • 50% des parents salariés estiment que le télétravail affecte le développement de leur enfant.
  • Télétravailler avec un enfant de – 18 ans est un facteur de détresse psychologique pour 60% quand l’enfant est en maternelle et 54% quand l’enfant est en primaire.
  • 59% d’entre eux sont en situation de détresse psychologique quand les enfants ne sont pas retournées à l’école pendant le 3ème confinement.

« Le télétravail se marie définitivement mal avec les enfants en bas âge à la maison. Dans certaines entreprises, on remarque ainsi que les salariés parents reviennent particulièrement dans les locaux le mercredi. La fermeture des écoles, dont les modalités ont été différentes du 1er confinement, a tout de même eu un impact en particulier quand les enfants ne sont pas retournés à l’école pendant le confinement. » soulignent Jean-Pierre BRUN et Christophe NGUYEN

L’exposition toujours élevée des télétravailleurs et l’autocensure.

Contrairement au début de la crise, les télétravailleurs sont toujours les plus exposés à la détresse psychologique. Ils font malgré tout la part des choses : après la crise, le souhait de rester en télétravail à 100% reste minoritaire mais quasiment 8/10 veulent pouvoir télétravailler 1 à 3 jours par semaine. Les managers sont les plus en difficultés car « empêchés » de pouvoir « bien manager ». La pérennisation du télétravail devra passer par des évolutions managériales, des changements d’organisation du travail et notamment la réduction de la taille des équipes pour 1 manager / 2.

Une des raisons du maintien de ces niveaux importants de risques psychosociaux liés au travail est la difficulté à s’exprimer dans l’entreprise. 50% des salariés expriment avoir des difficultés psychologiques liées au travail. Parmi eux, la moitié n’osent pas en parler, a peur d’être stigmatisée, et sait pas à qui parler, ou le manager peut aussi nier ses propres difficultés…  On constate toujours un déficit en matière de prévention des risques psychosociaux et d’ancrage culturel de la sécurité psychologique dans les entreprises pour permettre les actions d’accompagnement et de prévention et en premier lieu son expression bienveillante.

La crainte du retour au bureau

Le retour dans les locaux doit être accompagné. La majorité des salariés pense que le retour est nécessaire pour la cohésion d’équipe. Il est illusoire de penser qu’on reviendra comme avant. La qualité du management, des relations et de l’organisation du travail post crise sera décisive y compris pour la rémission psychologique. Les pratiques de management et d’équipe devront changer dans un contexte plus hybride du travail. Les salariés sont marqués par plus d’un an de crise qui est devenue une crise du travail. Les vécus et souhaits de retour sont très disparates entre les salariés (75% des télétravailleurs ne veulent pas revenir au bureau « comme avant » vs 30% chez les non-télétravailleurs), ce qui joue sur l’érosion du sentiment collectif d’appartenance et peut être un facteur de tensions entre les personnes notamment. Le risque est l’apparition de drame humain, craint par 1/3 des salariés. On sait que l’agressivité et l’hostilité sont des corolaires de la détresse psychologique.

Méthodologie de l’étude :

La 7ème vague du Baromètre « Impact de la crise sanitaire sur la santé psychologique des salariés » OpinionWay pour Empreinte Humaine, a été réalisée en ligne. Le recueil a été fait du 30 avril au 10 mai 2021 auprès d’un panel représentatif de 2007 salariés représentatif et constitué selon la méthode des quotas, au regard des critères de sexe, d’âge, de secteurs d’activités, de nature d’employeur et de taille d’entreprises.  

La mesure de la détresse psychologique se base sur un indicateur validé scientifiquement traduit en 25 langues dans des centaines de publications scientifiques. Il est un indicateur précoce d’atteinte à la santé mentale qui évalue la dépression et l’anxiété. Il s’agit d’un indicateur qui identifie, dans une population, les personnes qui sont plus à risque d’être atteintes de troubles mentaux sérieux.  Le questionnaire utilisé pour mesurer la résilience est également un questionnaire validé et qui a fait l’objet de nombreuses publications internationales.

 

Empreinte Humaine, un cabinet engagé pour la santé psychologique et la qualité de vie au travail

Créé en septembre 2012, le cabinet Empreinte Humaine est un des leaders de son secteur et rassemble des experts qui œuvrent à améliorer la qualité de vie au travail pour prévenir les risques psychosociaux. Couvrant les trois niveaux de prévention : primaire, secondaire et tertiaire, les interventions du cabinet visent à promouvoir trois domaines d’intervention :

  • Le premier domaine d’intervention est le bien-être des personnes qui comprend la prévention des risques psychosociaux et du stress au travail, la reconnaissance, la motivation et l’engagement.
  • Le second domaine se centre sur le bien-vivre des collaborateurs et des managers. Pour cela, les actions d’Empreinte Humaine portent sur le respect au travail, la gestion des conflits, le climat d’équipe et les relations interpersonnelles.
  • Le troisième domaine s’articule autour du bien-faire qui concentre les actions sur les processus de travail, la charge de travail, la clarté des rôles, la conduite des changements.

Empreinte Humaine dispose de toute l’expertise nécessaire ainsi que d’un réseau de consultants opérationnels sur toute la France et dans plus de 20 pays à travers le monde pour accompagner les entreprises et organismes publics lors de leurs actions en matière de qualité de vie au travail. Parmi ses innovations, Empreinte Humaine a développé HuCare© un programme de promotion de la santé individuelle pour ancrer et augmenter une culture de la sécurité psychologique dans les entreprises et Klimat©, un outil numérique innovant permettant d’anticiper et agir collectivement et en continu sur la qualité de vie au travail.

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